« Tu seras apprenti, mon fils ». Beaucoup de familles pourraient faire leur cette phrase inspirée par le poème « Tu seras un homme, mon fils, » écrit en 1909 par le grand écrivain britannique Rudyard Kipling. 485 800 jeunes ont choisi de devenir des apprentis à fin décembre 2019. 353 000 personnes ont signé un contrat au cours de l’année dernière. Soit 50 000 de plus qu’en 2018. Un record pour notre pays. L’embellie touche toutes les régions et tous les métiers.

Alors que l’économie française doit relever de nouveaux défis et que les métiers changent, il est encourageant de constater que les jeunes de 16 à 29 ans réhabilitent l’intelligence de la main et signent leur premier contrat de travail avec une entreprise pour se former et apprendre un métier.

Leur engouement est la démonstration que l’apprentissage devient une voie d’excellence. Il séduit des jeunes femmes et des jeunes hommes qui veulent devenir mécanicien, boulanger, ripeur ou travailler dans les métiers de bouche, le bâtiment et le nucléaire. Les étudiants qui préparent des diplômes de technicien ou d’ingénieur optent aussi pour ce type de formation. Tous savent qu’ils acquièrent ainsi une qualification et trouveront un emploi après leur formation.

C’est une bonne nouvelle pour notre pays qui a longtemps ignoré l’apprentissage contrairement à l’Allemagne qui le considère depuis des décennies comme une voie royale. Champion d’Europe de l’apprentissage, notre voisin d’outre-Rhin a compté jusqu’à trois fois plus d’apprentis que la France. J’espère que cette situation appartient définitivement au passé.

Les entrepreneurs doivent y veiller. Des mesures ont été prises pour rendre cette voie attractive en permettant l’ouverture de nouveaux centres de formation des apprentis (CFA). Des employeurs peuvent, par exemple, ouvrir leur propre CFA, sans agrément préalable mais avec une simple déclaration.

Il serait bénéfique pour notre pays d’en prendre d’autres.  Je souhaite ainsi que tous les jeunes commencent leur vie professionnelle en signant un contrat d’apprentissage. Qu’ils soient diplômés d’HEC ou titulaires d’un CAP. Des contrats d’apprentissage variant entre 6 mois et 3 ans sont en effet la meilleure manière de débuter sur de bonnes bases dans un premier emploi et de découvrir les réalités de l’entreprise.

Il faut aussi demeurer attentif à la réalité des chiffres en observant l’évolution du nombre de contrats de professionnalisation et de contrats d’apprentissage.

Il est rassurant de constater que les mentalités changent. Les nouvelles générations comprennent qu’elles peuvent acquérir des diplômes, réussir et exceller en étant formées par des professionnels qualifiés chez des employeurs. L’entreprise est enfin reconnue comme une institution capable de transmettre des savoirs et des techniques à des jeunes hommes et des jeunes femmes en les salariant, de leur inculquer des valeurs qui leur permettront de s’épanouir dans leur vie professionnelle et personnelle.

C’est une chance pour notre pays.

Car l’apprentissage n’est pas seulement une école des métiers. Il est aussi une école du travail. C’est un formidable atout pour l’avenir de la France que des centaines de milliers de jeunes signent leur premier contrat de travail en découvrant les exigences, les besoins et le management des entreprises. Les grandes puissances économiques du XXIème siècle seront celles qui seront capables de redonner des lettres de noblesse au travail.